LA PLACE DU CHAT

Le chat, (un chat...tous les chats...) est une réduction aboutie pafaite des formes mammifères possibles, de toutes les formes possibles, aucune autre perfection que celle-là, celle du chat, d'un chat de tous les chats.
Aussi installé dans son immobilité silencieuse que l'humain reste à jamais en déshérence dans sa peau dérisoire, maigre, incertaine, le chat clôt nos bavardages agités de sa concision de pyramide, posé, éternel entre désert et soleil, fleuve de sensualité, lové, liquide, divin.
Le chat se déplace de silence en silence d'un sommeil infini à une prédation féroce, le sang d'un oiseau, un reste de plumes, une souris dévorée par la tête, l'instant suivant tout à disparu que ce regard verdâtre dessiné au rasoir. Le chat tend et arrondit son échine, disponible aux caresses, disposé un moment seulement à être touché, ronronnant, infidèle, c'est une boule de muscles et d'os liquides dont l'éclat particulier se révèle dans les yeux d'un niveau qui balance. Puis le chat disparait, être de fuite et de fourrure, l'absence voluptueuse lui sied comme un diamant face à nos philosophies canines de niche et de cadenas, le chat (un chat...tous les chats...) a sauté par-dessus la clôture...une clôture...toutes les clôtures...

Chat des Saintes Marie de la Mer (Bouches-du-Rhône)