SIDI IFNI. Cité Océane

Ici les Ait Baâmrane et d’autres avant eux, ont attendu des millénaires que l’étendue
du désert et de l’océan leur parle enfin, à eux seuls qui ont passé à les parcourir leur vie entière
sur des animaux patients ou sur d’étroites barques de bois qui craquent. Leur vie entière et
tous leurs silences en échange d’un souffle imperceptible, de l’écho de ce souffle ou la
mémoire de son écho….. Jusqu’à l’absence de l’écho et du souffle, l’absence, par avance
acceptée.
Aveuglés de soleils ou brûlés d’embruns, le temps et l’espace donnés à eux sans
compter, par à-coups brutaux du pressentiment de l’infini et de couleurs embrasées, ils se
sont tus et ont passé sur les paysages immaculés comme les reptiles ou les oiseaux, porteurs
de mémoires insondables.
C’est alors que la ville a surgi, SIDI IFNI, venue d’ailleurs, fille d’un langage, bavarde de
ses géométries, de ses perspectives, de cette organisation des surfaces, du clair, de l’obscur,
des masses de blancs et d’ombres. Sidi Ifni, entre l’océan et le désert silencieux, est toute
l’impertinence d’un cri.

Jean-Claude Feuillarade