SYRIE l’impossible silence / 2016 • 2017
Montpellier (France) Octobre 2015
Au plus fort des bombardements sur Alep effectués par l’armée russe et le régime syrien je lis dans un hebdomadaire le témoignage d’une femme syrienne qui se terre depuis des semaines avec ses deux enfants dans un appartement de la vieille ville. Son récit est bouleversant.
Je décide alors de témoigner à distance de la réalité de cette guerre en photographiant dans mon environnement direct, des lieux, des objets, des matières que j’associe à ce conflit. De Deraa à Alep en passant par Raqqa et Palmyre se succèderont alors toutes les exactions liées à tous conflits armés: bombardements aveugles, emprisonnements de masse, torture, viol, destruction du patrimoine.
Relié quotidiennement par médias interposés à la Syrie j’ai alors photographié pas à pas, au regard des faits de guerre les plus marquants, les symboles pour moi représentatifs de ce conflit.
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Cette série photographique de Philippe Fourcadier accompagnée d’un texte de Jean-Claude Feuillarade est l’émanation de toutes ces meurtrissures invisibles accumulées, empilées, compactées dans nos cœurs et nos cerveaux depuis de longs mois, de longues années.
Philippe Fourcadier – mars 2017
L'IMPOSSIBLE SILENCE
La ville sous la guerre
Son écroulement
Sa ruine
Qu’écartèlent
Les rues décapitées
Résonnent encore
Les murs écroulés
Amoncelés à leur pied
Destructions des ruines mêmes
Restés debout
Les os d’acier
Vacillants
Des maisons empalées
Sur leurs fondations
Les murs brutalisés
Tremblants terrassés
Comme des crânes
Que défoncent les pioches
Ciels et soleils
Broyés ensemble
Jus de fruits amers
Oranges de sang
Oranges de merdes
Ecrasées puantes liquides
Brûlantes enflammées
Répandues par les avions
Sur les charniers renouvelés
Nuits et jours mêlés
Par l’absence de lumière
La profusion des fumées empoisonnées
Par la désertion des heures
Percées des cris armés
Des victimes
Qui osent encore se battre
De leur bouche écartelée
Se traînent misérables
De blessures accumulées
De faims de soifs
Tordus sous les douleurs
Et les aimés égarés
Coupés amputés
Noyés par l’horreur
Rendus fous
La ville entière
Sous une meule
De haines
Comme les grains multiples
Rendus en charpies
Au soleil permanent
Jean-Claude Feuillarade
Montpellier (France) Octobre 2015
Au plus fort des bombardements sur Alep effectués par l’armée russe et le régime syrien je lis dans un hebdomadaire le témoignage d’une femme syrienne qui se terre depuis des semaines avec ses deux enfants dans un appartement de la vieille ville. Son récit est bouleversant.
Je décide alors de témoigner à distance de la réalité de cette guerre en photographiant dans mon environnement direct, des lieux, des objets, des matières que j’associe à ce conflit. De Deraa à Alep en passant par Raqqa et Palmyre se succèderont alors toutes les exactions liées à tous conflits armés: bombardements aveugles, emprisonnements de masse, torture, viol, destruction du patrimoine.
Relié quotidiennement par médias interposés à la Syrie j’ai alors photographié pas à pas, au regard des faits de guerre les plus marquants, les symboles pour moi représentatifs de ce conflit.
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Cette série photographique de Philippe Fourcadier accompagnée d’un texte de Jean-Claude Feuillarade est l’émanation de toutes ces meurtrissures invisibles accumulées, empilées, compactées dans nos cœurs et nos cerveaux depuis de longs mois, de longues années.
Philippe Fourcadier – mars 2017
L'IMPOSSIBLE SILENCE
La ville sous la guerre
Son écroulement
Sa ruine
Qu’écartèlent
Les rues décapitées
Résonnent encore
Les murs écroulés
Amoncelés à leur pied
Destructions des ruines mêmes
Restés debout
Les os d’acier
Vacillants
Des maisons empalées
Sur leurs fondations
Les murs brutalisés
Tremblants terrassés
Comme des crânes
Que défoncent les pioches
Ciels et soleils
Broyés ensemble
Jus de fruits amers
Oranges de sang
Oranges de merdes
Ecrasées puantes liquides
Brûlantes enflammées
Répandues par les avions
Sur les charniers renouvelés
Nuits et jours mêlés
Par l’absence de lumière
La profusion des fumées empoisonnées
Par la désertion des heures
Percées des cris armés
Des victimes
Qui osent encore se battre
De leur bouche écartelée
Se traînent misérables
De blessures accumulées
De faims de soifs
Tordus sous les douleurs
Et les aimés égarés
Coupés amputés
Noyés par l’horreur
Rendus fous
La ville entière
Sous une meule
De haines
Comme les grains multiples
Rendus en charpies
Au soleil permanent
Jean-Claude Feuillarade